La considération, source de santé

Notre équilibre psychique et physique est basé sur une seule valeur, qui est la considération. Dans un précédent article, j »évoque que nous avons des besoins besoins existentiels fondamentaux, et qu’ils représentent la nourriture de notre être.

Mais comment peut-on nourrir un être si nous ne savons même pas qu’il existe et qu’il fait partie intégrante de l’individu, autrement dit, de l’être humain?

Le premier besoin de tout être humain est de se sentir considéré. Il a besoin qu’on l’intègre dans notre regard lorsqu’il s’il s’exprime, que ce soit en nous et chez les autres.

Ne pas considérer l’existence de l’être, c’est comme si notre regard avait une vision étroite, ou plus exactement que la dimension de son regard était réduite. Elle manque de profondeur.

Lorsque la considération manque dans nos échanges et nos comportements, la vie, et plus exactement la pulsion de la vie, nous interpelle pour nous faire prendre conscience qu’un équilibre est à rétablir.

Notre problème vient de notre ignorance à admettre l’évidence que chaque fois que nous manquons de considération envers soi-même et les autres, nous créons des « fractures » psychiques qui ne pourront se ressouder qu’avec de la considération par l’écoute.

Autrement dit, le manque de considération entraine nos blessures et c’est en rétablissant la considération que nous pouvons réhabiliter nos blessures.

 

Le stress, des causes et ses conséquences

Prenons l’exemple du stress, qui est un déséquilibre devenu commun aux individus de notre société. Lorsque certains employeurs utilisent l’individu comme un matériau humain, l’employé devient alors un objet utilisé. Ne pas apporter de reconnaissance et de valeur au travail réalisé.  Payer au minimum les salariés au point de ne pas permettre au travailleur de vivre décemment. Mettre à disposition le minimum de moyens matériels pour travailler. Réduire le personnel pour que l’affaire soit toujours plus rentable. Exiger d’augmenter toujours plus le chiffre d’affaire aux travailleurs, réduire leurs avantages… Actuellement l’être humain est utilisé comme esclave au service de l’argent, alors que l’argent devrait être au service des individus…

Cela ne concerne pas que le travail. Certains comportements dans les familles ou des établissements déconsidèrent le besoin des enfants ou des parents âgés. Il n’y a pas de considération lorsque la qualité de la nourriture est médiocre dans les cantines. Le système scolaire actuel, basé sur la performance de résultats n’est conçu que pour 15 % des élèves. Pour les 85% restant, il n’y a aucune considération pour des compétences qui ne sont pas intellectuelles. Le taux d’adultes traumatisés par leur mauvaise expérience scolaire est important. Les conséquences dans la confiance et l’estime de soi s’en ressent. Le harcèlement à l’école, comme au travail, font partie des manques de considération aux conséquences violentes.

Les conséquences sur la santé des individus sont impressionnantes. Au niveau physique, toutes les catégories du corps sont concernées :

  • Troubles musculosquelettiques : Maux de dos, douleurs articulaires…
  • Troubles gastriques : Problèmes digestifs, ulcères, maux de ventre, troubles alimentaires…
  • Troubles cardio-vasculaires : Maux de tête, AVC, infarctus…
  • Troubles dermatologiques : Zona, prurit, psoriasis…

Au niveau psychique et comportemental : Agressivité verbale et physique, angoisse, anxiété, crises de panique, tristesse, démotivation, dépression, suicide…

Autres conséquences du stress : Problèmes relationnels, crises dans le couple et familiales, harcèlement moral et sexuel, isolement, perte d’emploi, prise de psychotropes, automédication, alcoolisme, drogue, conduite à risque… Souffrir du manque de considération peut même faire croire à certains que c’est dans un autre monde qu’il serait possible de l’obtenir.

La liste est longue, au point que la sécurité sociale est incapable de mesurer précisément le coût des conséquences du stress sur l’individu. Elle estime à plusieurs milliards d’Euros le coût social du stress et à 60% de l’ensemble des journées de travail perdues.

Thierry Tournebise définit le stress comme étant le résultat d’un manque d’écoute de soi et des autres. Le manque d’écoute est un manque de considération.

 

Des symptômes spécialement pour

La considération, c’est la clé de voûte de notre santé. Nous avons besoin de nous sentir exister grâce à la considération, la reconnaissance, la valorisation, la compréhension, l’écoute, l’attention. Tout cela n’est possible qu’avec Amour, car c’est notre besoin existentiel. Il est existentiel car il nous permet de nous sentir exister. C’est un besoin fondamental pour notre équilibre personnel. Nous avons besoin de nous sentir exister dans le regard de l’autre.

La déconsidération entraine des carences, au même titre que le manque de nourriture. C’est cette carence précisément qui vient troubler notre santé. Le symptôme, ce déséquilibre psychique et physique qui se manifeste en cas de carence, cherche à interpeller notre conscience. Il nous informe que quelque chose n’a pas été entendu, un manque de considération en soi.

Les symptômes ne sont pas des maux à combattre, à éradiquer ou à anesthésier comme nous le faisons communément. Ce qui nous dérange, nous indique qu’à un moment donné, un manque de considération et d’Amour, a créé une « fracture psychique » et nous a déséquilibré.

Et c’est grâce à la considération que la fracture pourra se ressouder.

Un caillou dans notre chaussure nous fait mal car le corps cherche à informer le mental qu’il doit porter son attention au niveau du pied, puis agir sur la cause de cette souffrance. La douleur est alors un appel du corps à notre mental pour qu’il agisse avec conscience. Si l’on tente d’anesthésier la douleur, on empêche la perception de la souffrance, mais le problème reste présent et d’autres symptômes se développeront. Si le mental refuse d’écouter les appels du corps, si ça ne lui convient pas de se poser pour retirer ce qui l’encombre, là encore, le corps augmentera la douleur pour faire prendre conscience qu’il est nécessaire d’agir.

Cette illustration physique est identique au niveau psychique. Nous fonctionnons exactement sur les mêmes principes d’alarme par la souffrance pour nous interpeller à rétablir l’équilibre.

 

Des être en attente de considération

Les symptômes sont des pulsions de Vie, spécialement conçus pour interpeler notre conscience. Ce sont des parts blessées en nous, qui attendent d’être entendues.

Chaque être humain est unique au monde ! C’est évident. Mais ce que l’on ne considère pas assez comme une évidence, c’est le fait que nous soyons uniques à chaque instant de notre vie.

Autrement dit, notre être est unique au monde à l’instant présent et à tous les instants de sa vie. Il est un être à part entière en tant que fœtus dans le ventre de sa mère. Il l’est aussi à un mois, à 12 ans, à 25 ans, etc. Chacun de ces êtres nous constitue en tant qu’individu dans le moment présent. Nous sommes même constitués de la somme de tous ceux que nous avons été et de tous ceux dont nous sommes issus. Vaste monde pour un seul individu !

Ce point est d’une importance fondamentale, car chaque fois qu’un être que nous avons été ou dont nous sommes issus a manqué d’Amour et de considération, il restera en attente de ce qu’il n’a pas reçu. Et cela est valable pour tous ceux qu’il a été et tous ceux dont il est issu (transgénérationnel). Ces parts d’être cherchent à interpeller notre attention par la manifestation de symptômes. Tout ce qui nous dérange et nous empêche d’être heureux et épanouis sont des parts d’être en attente de considération par l’écoute. L’est la pulsion de vie qui cherche à rétablir l’équilibre.

Des blessures, comme la dévalorisation, l’humiliation, l’insensibilité, le manque d’Amour, la honte et tant d’autres, peuvent se transmettre à travers les générations. Car un être humain ne peut pas se sentir pleinement exister, si ses parts d’êtres blessées ne sont pas écoutées.

Plus il y aura des parts de soi qui se manifestent en attente de considération et plus l’individu sera troublé par le mal-être pour le pousser à rétablir son équilibre.

Chaque manifestation violente de soi-même ou des autres est un appel à l’écoute de nos parts d’êtres blessées. Nous n’avons pas conscience du nombre de violences que nous exerçons sur nous-même, que nous faisons subir ou que nous subissons des autres quotidiennement. Elles sont toutes liées à nos souffrances du manque de considération.

Certaines intentions de bienveillance nous éloignent de la considération de nos ressentis : « Allons, calme-toi ! », « Il faut être fort ! » « N’y pense plus! », « Arrête de pleurer… », « Ne te laisse pas aller ! », « Tu es ridicule de penser cela ! », « Mais ne t’inquiète pas! »…  Autant de violences exercées sur soi-même et sur les autres qui dénigrent les ressentis de l’être qui les vit. Je les appelle nos « violentes bienveillances« .

On nous demande de dénigrer ce que l’on ressent pour paraitre qui l’on n’est pas. On nous enseigne comment être relationnels (fermé à soi et aux autres) au lieu de nous enseigner comment être communicants (ouvert à soi et aux autres). Être communicant c’est être ouvert à la considération. (voir l’article dans ce blog : Distinguer l’état communicant de l’état relationnel).

L’écoute pleine de considération rassure, sans que l’on ait cette intention. Mais avoir l’intention de rassurer quelqu’un fait partie de la liste des manques de considération envers autrui. C’est vouloir changer l’autre, son état qui ne nous convient pas. Cela revient à vouloir exercer un pouvoir sur l’autre. Alors qu’écouter avec considération l’inquiétude vécue chez l’autre, c’est lui permettre d’exister comme il est. C’est précisément cela qui rassure et qui apaise l’autre.

Dans l’exemple du caillou dans la chaussure, ce n’est pas lui qui trouble notre santé. C’est le fait de continuer à marcher, de le maintenir en place malgré les symptômes de gêne et de douleur.

Au niveau psychique, ce n’est pas ce qui s’est passé, ni ce que l’on nous a fait qui est la cause de nos souffrances, mais ce que nous avons fait de nos ressentis au moment de l’évènement. L’attention accordée à celui que nous étions au moment de l’évènement déterminera son rétablissement ou à l’inverse le développement de sa maladie.

Le symptôme est le lien précieux entre qui nous sommes dans notre présent et tous ceux que nous avons été, en attente de considération.

 

Le pouvoir thérapeutique de l’écoute

L’ouverture des interlocuteurs détermine la qualité de leur communication. Elle permet de considérer l’autre et de se sentir considéré en tant qu’être humain. Les échanges sont alors fluides, respectueux, harmonieux, légers et joyeux même.

Être communicant c’est être à l’écoute de ses ressentis et à ceux des autres sans les juger. C’est écouter et accueillir celui qui parle et qui se sent exister et respecté tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts.

C’est l’ouverture du praticien en maïeusthésie qui permet de rencontrer les parts d’êtres en manque de considération. En partant de l’émotion liée au symptôme, il contacte la part d’être qui attend, parfois depuis des décennies, une écoute non pas des faits, mais de l’être qui a vécu ces faits. Cette être apparait rapidement, puisqu’il guettait l’opportunité d’être vu, entendu, écouté, reconnu, aimé et accueilli comme il est…

Aussitôt l’être écouté, instantanément le symptôme disparait, puisqu’il n’a plus de raison d’exister. Et s’il se maintenait, c’est uniquement pour nous signifier que tout n’avait pas été entendu, ou que l’écoute n’était pas de qualité… car c’est un art finement subtil de savoir écouter un être.

 

Un avenir prometteur

Nous vivons dans un monde de « mal-entendus » et de « mal-entendants ». On nous parle de respect sans comprendre que le non-respect c’est un appel à l’écoute, suite à un manque de considération. Le vrai respect est fondé sur la compréhension que l’autre agisse sans respect parce qu’il interpelle notre attention pour être écouté.

L’être humain n’évolue que par l’apprentissage. La considération ne peut qu’être le résultat de l’apprentissage du savoir -être, qui devrait faire partie intégrante de notre éducation. Trop souvent on oblige les individus à la politesse, sans expliquer pourquoi c’est important. La considération et le respect ne devraient pas être enseignés comme de simples règles sociales à observer. Ce sont les enjeux vitaux pour notre santé que nous devrions comprendre. L’expliquer nous permettrait d’agir autrement.

S’il y avait un objectif de changement efficace à mettre en œuvre en chacun de nous, ce serait de remettre la considération de chaque être humain au premier plan. C’est certainement l’enjeu le plus important à relever pour rétablir la santé psychique et physique de l’humanité. Et en conséquence la considération pour l’ensemble des êtres vivants sur notre planète.

Catherine Sarrade

www.catherine-sarrade.com

12/12/12

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