La maïeusthésie a été développée par Thierry Tournebise. Elle définit deux aspects qui sont :
- Une approche de communication entre individus et
- Une approche de psychothérapie, qui consiste à accompagner l’autre dans un processus de déploiement de Soi.
Si communiquer entre humains fait partie de notre quotidien, les mécanismes de nos interactions sont rarement et, parfois même, mal enseignés. Il en résulte de nombreuses difficultés relationnelles, des incompréhensions sur soi-même et les autres. Toutes sont source de mal-être, ayant des conséquences psychiques et physiques sur la santé.
Nos problèmes de communication ont deux sources : La première étant un manque d’écoute intérieur, un manque de d’écoute de Soi. La seconde étant un manque d’écoute de la part des autres, car ils ne savent pas non plus écouter, ni s’écouter.
Nous vivons dans un monde de mal entendants et de mal entendus.
En maïeusthésie, on aborde à la fois les mécanismes méconnus de la communication et les mécanismes méconnus de la psychologie. Pour communiquer, il est nécessaire de commencer par instaurer la communication intra-psyché. C’est en rétablissant la communication intérieure, par la mise en contact de son Moi (le mental) avec Soi (l’être) que l’on commence l’apprentissage de la communication.
L’écoute de Soi instaurée, l’écoute des autres est facilitée. Ainsi, lorsque l’on s’adresse à autrui, on comprend l’importance de s’adresser à l’être chez l’autre. C’est ce qui nous rendra plus humain, attentionné et chaleureux et qui constitue la véritable qualité de l’écoute dans nos échanges.
Dans la relation d’aide, le positionnement d’écoute chaleureuse que nous apprend la maïeusthésie, humanise notre rapport avec les personnes en souffrance. Trop de maladresses sont traumatisantes pour des personnes déjà fragilisées à qui l’on ajoute une blessure supplémentaire lorsque les mots sont déplacés. C’est la conséquence de notre ignorance en matière de communication.
Il existe de nombreuses « approches » de communication. C’est un produit avec une marque de fabrication déposée, tout comme des marques de chaussures dont la forme fait leur spécificité. La qualité et le but de l’usage diffèrent selon la marque. Certaines méthodes visent la manipulation ou cherchent à convaincre. D’autres proposent des techniques pour pallier aux problèmes relationnels avec des phrases toutes faites ou un comportement et même des gestes spécifiques à utiliser. D’autres préconisent des méthodes de protection de soi face aux autres. C’est ainsi que les soignants apprennent qu’il faut maintenir une distance avec les patients pour s’en protéger… C’est exactement l’inverse qui est enseigné en maïeusthésie.
La maïeusthésie se distingue des autres en n’enseignant rien (et même le contraire) de certains clichés ! Elle a pour objectif de répondre à nos besoins existentiels fondamentaux qui sont de se sentir compris, entendu sans être jugé, respecté dans ses choix, aimé sans être discriminé… Elle enseigne comment rester proche de l’autre sans mettre de distance pour rester chaleureux, sans se sentir vulnérable.
Apprendre à être communicant consiste à apprendre à être plus soi, un être qui s’affirme dans sa singularité. C’est plus précisément un état d’être qui est enseigné. Un savoir-être et pas une technique qui est mise en œuvre.
L’approche de la maïeusthésie invite à prendre conscience de toutes les difficultés et les maladresses qui peuvent blesser soi-même et les autres. Cela permet de développer la capacité de s’affirmer dans le respect d’autrui (C’est l’assertivité).
En mettant en œuvre, avec toujours plus de subtilité, les principes de la communication, l’effet peut être thérapeutique. L’aspect thérapeutique de la maïeusthésie résulte du processus d’écoute de l’être. Alors que bon nombre de thérapies consistent à analyser tout ce qui est exprimé, le praticien en maïeusthésie écoute des êtres dans leurs ressentis. C’est un positionnement très subtil qui n’utilise pas le mental, mais le cœur pour écouter. Autrement dit, l’attention n’est pas placée sur quelque chose mais sur quelqu’un.
C’est comme se connecter sur la quatrième dimension, la dimension humaine, qui dépasse celle du mental. Lorsque le praticien se connecte dans cette dimension, le patient y accède plus facilement. C’est à partir de cette dimension que le praticien guidera le patient pour qu’il effectue lui-même sa propre thérapie, dans le respect des limites qu’il souhaite placer dans son processus de guérison.
Je ne connais à ce jour pas de thérapie qui respecte aussi profondément l’être humain et ses choix personnels de guérison. Et je ne connais pas à ce jour d’autre thérapie qui soit aussi puissante, juste et pertinente dans son processus de guérison.
Le praticien, accompagne par un questionnement ciblé sur le ressenti qui va permettre le processus de rencontre de Soi. Le déploiement des êtres est immédiat et spectaculaire pour le patient autant que pour le thérapeute. Ce sont des sensations physiques et des changements psychiques qui libèrent tout ce qui était contenu. L’individu se sent exister, prendre sa place, grandir, libre, calme et pour finir la joie l’envahit. La phrase de Bergson prend alors tout son sens : « La nature nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie ».
Toute séance de psychothérapie devrait se terminer par un sentiment de joie pour le patient. Mais ce n’est pas un but à atteindre, ni pour le patient, ni pour le thérapeute, car cet objectif empêcherait l’écoute de l’être. C’est le résultat naturel de la qualité de l’écoute du praticien.
C’est la non-rencontre de Soi (de parts de Soi) qui crée le mal-être et les symptômes. Les symptômes disparaissent dès que la connexion s’établit à l’intérieur de Soi. En conséquence, la communication avec les autres se modifie. Car nos problèmes de communication à l’extérieur sont le reflet de problèmes de communication intérieur.
C’est pourquoi l’approche est innovante. La nouveauté tient d’une part de son concept pragmatique et évident, d’autre part par le respect profond et la fine subtilité de l’écoute du praticien.
Cette approche contribue à humaniser notre quotidien autant personnel que professionnel.
Catherine Sarrade